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Collections permanentes
Grand bassin aux titres d'un émir
Alliage cuivreux, décor gravé, incrusté d’argent (traces) et de pâte noire
H. 20 ; D. 48 cm
Date de création :
vers 1330-1340
Région : Egypte, probablement Le Caire
Les parois intérieures, très usées rendent la lecture du décor difficile. On peut néanmoins déchiffrer l'inscription contenant les titres d'un émir anonyme, entrecoupée de médaillons polylobés habités de canards en vol et d'une rosette spiralée centrale. Cette large bande inscrite est bordée dans la partie inférieure d'une sorte de galon végétal terminé par des lancettes. L'inscription se lit ainsi :
« Parmi ce qui a été fait pour Sa Haute Excellence, le seigneur, le grand émir, le guerrier, le champion de la foi, le combattant, le défenseur des frontières, le soutien, au service d'al-Malik al-Nasir ».
A l'extérieur, la paroi verticale se divise en trois registres. Les registres supérieur et inférieur font alterner des frises de canards en vol et d'entrelacs végétal, ponctuées de rosettes spiralées. Au centre se déploie un large bandeau épigraphique lui aussi interrompu par deux grands médaillons polylobés. L'inscription reprend la titulature de la paroi interne, dans une version abrégée :
« Parmi ce qui a été fait pour Sa Haute Excellence, le seigneur, le grand émir, le maître, le savant, le pratiquant, au service d'al-Malik al-Nasir ».
Si l'on en juge par le répertoire décoratif et le style de l'épigraphie, Le nom de règne « al-Malik al-Nasir » (littéralement « le roi victorieux »), désigne ici le sultan al-Nasir Muhammad qui régna de 1299 à 1341 (avec une interruption).
La composition des médaillons polylobés, centrée autour d'une rosette spiralée, mêle des fleurs de lotus et des fleurs composites qui pourraient dériver des pivoines chinoises. Ces motifs sinisants apparaissent sur les métaux mamlouks à partir de 1325-1330, issus à la fois du contact direct avec les importations chinoises (notamment les textiles) et des productions de l'Iran mongol influencées par la Chine. D'autres motifs présents sur ce bassin : canards en vol, feuilles à trois pointes, fleurettes à cinq pétales - se retrouvent abondamment sur les objets en métal de la première moitié du XIVe siècle. De même, la place d'honneur dévolue à la calligraphie est caractéristique de la période mamlouke, qui aura tendance à délaisser le décor figuré. Cela permet aux puissants d'énumérer une titulature quelque peu enflée et assez répétitive.
Quelques grands bassins de la même époque, présentant un décor comparable, sont parvenues. Mentionnons en premier lieu un bassin au nom du sultan al-Nasir Muhammad, conservé au British Museum[1] qui montre une même organisation du décor et où l'on retrouve les motifs d'oiseaux en vol, de lotus, de feuilles à trois pointes et de fleurettes à cinq pétales. Un autre bassin au nom du même sultan se trouve à Naples, au musée de Capodimonte[2] et présente le même type de médaillons polylobés et d'étroites frises de canards en vol. Le musée des Arts décoratifs de Paris, enfin, au décors comparable exécuté pour un émir de ce sultan[3]. Il s'agit donc ici de productions luxueuses, faisant un large emploi de l'incrustation d'argent, au répertoire décoratif spécifique, toutes caractéristiques du règne d'al-Nasir Muhammad.
C.J.
[1] inv. 51 1-4 1, voir Atil, 1981, n°26, p. 88-91.
[2] Cat. exp. Venise 1993-1994, p. 317-318, n°182.
[3] en dépôt au musée du Louvre, inv. AD 38080, inédit.
Avignon, musée Calvet,
Non exposé
Inv. R 63 A